Fluctuation de la capacité de l'aptitude cognitive générale et de la personnalité à prédire la performance : le rôle modérateur des phases d'apprentissage

Bergeron, Éliane (2017). « Fluctuation de la capacité de l'aptitude cognitive générale et de la personnalité à prédire la performance : le rôle modérateur des phases d'apprentissage » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.

Fichier(s) associé(s) à ce document :
[img]
Prévisualisation
PDF
Télécharger (20MB)

Résumé

Dans l'optique de choisir les individus les plus susceptibles de performer dans un poste ou un programme d'études donné, plusieurs outils d'évaluation (p. ex., entrevue, centre d'évaluation, etc.) des connaissances, compétences et habiletés sont disponibles. Parmi les plus utilisés par les professionnels en ressources humaines au Québec se retrouvent les tests d'aptitude cognitive générale et les inventaires de personnalité (Boudrias, Pettersen, Longpré et Plunier, 2008). Une des prémisses derrière ce choix d'outils est que les caractéristiques qu'ils mesurent, soit l'aptitude cognitive générale (ACG) et la personnalité, prédisent la performance à long terme (Hanges, Schneider et Niles, 1990; Schmidt et Hunter, 1998, 2004). Toutefois, des preuves existent depuis longtemps à l'effet que la relation entre la performance et ses prédicteurs est instable (Ghiselli, 1956), ce qui remet en question les pratiques actuelles en matière de sélection de personnel. A cet égard, Murphy (1989) a élaboré un modèle dynamique de la performance qui explique l'instabilité du lien entre l'ACG, la personnalité et la performance via le niveau de maîtrise des tâches. Plus spécifiquement, il propose que la réalisation de toute tâche soit caractérisée par deux phases d'apprentissage : transition et maintien. Une phase de transition se produit lorsque l'individu est peu familier avec ses tâches et responsabilités et qu'il n'a pas développé toutes les compétences nécessaires à la réalisation de celles-ci, ce qui lui demande un important effort mental. À l'opposé, un individu est en phase de maintien quand il possède les habiletés nécessaires à la réalisation de ses tâches qui lui sont maintenant familières, ce qui exige moins de ressources cognitives. Cette conceptualisation laisse sous-entendre que chacune des phases d'apprentissage est caractérisée par trois aspects distincts : 1) le niveau de concentration requis pour réaliser les tâches; 2), le degré de familiarité avec les tâches à accomplir; 3) le besoin de développer de nouvelles habiletés pour accomplir ses tâches. S'appuyant entre autres sur les travaux de Schneider et Shiffrin (1977) et d'Ackerman (1986, 1987), Murphy (1989) postule que les prédicteurs de la performance sont différents selon la phase vécue par l'individu. Essentiellement, il avance que l'ACG serait la caractéristique la plus fortement reliée à la performance en phase de transition, tandis que la personnalité serait le meilleur prédicteur de la performance en phase de maintien. De plus, sur la base des travaux de Schneider et Shiffrin (1977), la présente thèse stipule que les individus progresseraient graduellement d'une phase à l'autre à mesure qu'ils maîtrisent leurs tâches. Les caractéristiques associées à leur performance changeraient conformément à cette progression. À ce jour, seules deux études empiriques (Stewart, 1999; Thoresen, Bradley, Bliese et Thoresen, 2004) ont testé certains des postulats du modèle de Murphy (1989). Leurs résultats l'appuient en partie, en ce sens qu'ils révèlent que certains des facteurs et des facettes de la personnalité prédisent distinctement la performance selon la phase d'apprentissage dans laquelle se trouvent les individus. Cependant, ces études comportent d'importantes limites : 1) aucune mesure spécifique des phases n'a été utilisée; 2) les trois dimensions des phases n'ont pas été considérées; 3) les phases ont été dichotomisées plutôt que conceptualisées sur un continuum; 4) l'importance de l'ACG dans chacune des phases n'a pas été investiguée; 5) leurs résultats n'ont pas été reproduits. Conséquemment, il est ardu de se fier à leurs résultats pour déterminer quels sont les meilleurs prédicteurs de la performance en phase de transition et en phase de maintien. La présente thèse avait donc comme objectif global de tester le postulat de Murphy (1989) afin d'identifier plus précisément quels sont les meilleurs prédicteurs de la performance à travers les phases d'apprentissage, tout en prenant soin de considérer les limites théoriques et méthodologiques susmentionnées. Pour ce faire, une échelle de mesure des phases d'apprentissage a d'abord été développée (article 1, publié). La structure en trois dimensions (i.e., Concentration, Familiarité et Habiletés) de celle-ci a été retrouvée dans deux échantillons d'étudiants et dans un échantillon de travailleurs, attestant de son caractère généralisable. De plus, l'outil développé possède des propriétés psychométriques (i.e., cohérence interne et fidélité) satisfaisantes ainsi qu'une bonne validité de construit, critériée et discriminante. Le deuxième article de cette thèse s'est appuyé sur l'échelle préalablement développée afin de déterminer comment l'ACG et la personnalité prédisent la performance académique et en emploi en fonction des trois dimensions des phases d'apprentissage. Nos résultats appuient le postulat de Murphy (1989) en plus de lui apporter des précisions. Plus spécifiquement, il appert que la capacité de l'ACG et des facteurs Conscience, Extraversion et Névrosisme à prédire la performance évoluent sur le continuum transition – maintien de chacune des dimensions des phases d'apprentissage plutôt qu'être stable à travers le temps. De plus, l'interaction des prédicteurs avec les dimensions des phases varient selon le critère à prédire, allant dans le sens des principes de la théorie des différences individuelles (Motowidlo, Borman et Schmidt, 1997). L'appui que cette thèse apporte au modèle de Murphy (1989) justifie que la recherche future l'investigue davantage, et ce, en intégrant les précisions que nous lui avons apportées (i.e., les dimensions des phases conceptualisées sur un continuum et la précision du critère à prédire). Au plan pratique, cette thèse pourrait aider les professionnels à nuancer leurs choix de prédicteurs lorsqu'ils doivent concevoir des systèmes de sélection, c'est-à-dire en considérant la proportion des phases de transition et de maintien et, plus spécifiquement, en déterminant laquelle ou lesquelles des dimensions des phases qui composent le poste à pourvoir seront les plus sollicitées. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : phases d'apprentissage, validation d'échelle, structure factorielle, aptitude cognitive générale, Big Five, performance académique et en emploi.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Denis, Pascale
Mots-clés ou Sujets: Rendement au travail / Rendement scolaire / Construction d'une échelle / Analyse factorielle / Aptitude à l'apprentissage / Personnalité / Prédiction
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 20 sept. 2017 09:56
Dernière modification: 20 sept. 2017 09:56
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/10123

Statistiques

Voir les statistiques sur cinq ans...