Genèse de la fragmentation contemporaine : de la tension entre l'universalisme et le particularisme dans la constitution du sujet politique

Leclerc, Karine (2017). « Genèse de la fragmentation contemporaine : de la tension entre l'universalisme et le particularisme dans la constitution du sujet politique » Thèse. Montréal, Québec, Université du Québec à Montréal, Doctorat en sociologie.

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Résumé

Victoire de la démocratie et malaise démocratique. Le principe démocratique a, pour paraphraser Marcel Gauchet, « planétairement gagné ». Au même moment, les démocraties contemporaines souffrent d'un malaise démocratique. Les appels en faveur d'une démocratie plus représentative, d'une citoyenneté participative, d'un rapprochement entre les élus et le peuple pour combler ce qui apparaît à plusieurs comme étant un déficit démocratique, font maintenant partie du paysage politique des sociétés contemporaines. La volonté de revitalisation de la citoyenneté et de démocratisation de la démocratie tente, notamment, de pallier les effets délétères liés à la mondialisation de l'économie, au déclin des formes conventionnelles de la participation citoyenne ainsi qu'à ce qui est perçu comme l'incapacité des institutions et des représentants de l'État à représenter ou incarner la diversité sociale. Ces efforts de redynamisation se présentent en projets d'approfondissement de la démocratie. Paradoxalement, ils soulèvent des enjeux qui appellent une certaine recomposition du politique qui, à son tour, transforme les conceptions classiques de la démocratie représentative adoptées par les sociétés contemporaines. Dans le cadre de cette thèse, nous nous sommes intéressés à la fragmentation contemporaine sous l'angle de l'articulation de la tension entre l'universalisme et le particularisme dans la constitution du sujet politique. Plus précisément, nous nous sommes intéressés à la tendance vers l'effacement du sujet politique en tant que lieu de réconciliation de la scission entre l'homme (et ses intérêts personnels) et le citoyen (visant l'intérêt général), comme le lieu de la synthèse de la tension entre universalisme et particularisme. Nous proposons une thèse compréhensive de la fragmentation contemporaine. C'est-à-dire que nous avons voulu expliciter la tendance actuelle à la fragmentation ainsi que son développement en les mettant en lien avec une série de phénomènes qui ont, ou ont eu, un impact sur le cadre à l'intérieur duquel l'aménagement de la tension entre universalisme et particularisme prend place. Nous avons d'abord dressé un constat théorique puis un constat empirique quant aux enjeux de la démocratie contemporaine. Plus précisément, nous avons d'abord montré que les efforts de redynamisation de la démocratie, en participant notamment à l'horizontalisation des rapports sociaux ainsi qu'au déploiement d'une politique de la différence, contribuent, paradoxalement, à la crise de légitimité des institutions démocratiques et concourent à la critique du sujet universel abstrait. Cela remet en cause la position de surplomb de la sphère politique, la légitimité de l'agir politique et appelle une nouvelle articulation de la tension entre l'universalisme et le particularisme. Ensuite, l'analyse des mémoires remis lors des quatre grandes consultations populaires sur la réforme des institutions démocratiques initiées au cours des années 2000 par le gouvernement du Québec montre que la volonté d'améliorer la représentation du pluralisme par la réforme du mode de scrutin constitue une critique du modèle classique du gouvernement représentatif. Le décalage entre le peuple-principe et le peuple-société (c'est-à-dire le peuple comme réalité empirique des individus concrets) est maintenant perçu comme un problème de représentation, comme une incapacité à représenter la diversité. Cette remise en cause du sujet universel abstrait, qui plonge ses racines dans l'aspiration moderne à l'égalité, redéfinit l'universalisme et tend, non pas au ré-équilibrage de la tension, mais plutôt à son effacement par la fusion des pôles universaliste et particulariste où chacun des termes finit par s'équivaloir. La deuxième partie de la thèse se concentre sur l'analyse sociopolitique et philosophico-politique qui tentent, d'une part, de mettre en lumière comment les différentes extensions de la notion d'égalité (en lien avec les transformations des modes de régulation des rapports sociaux) ont pu créer un contexte favorisant le développement du paradigme de la diversité. Cette analyse montre comment la promotion de la diversité, le développement des revendications de reconnaissance et de représentation à caractère particulariste et identitaire ainsi que la transformation de la participation citoyenne sont liés à la dynamique moderne de l'égalisation des conditions. Elle montre également que les exigences contemporaines d'égalité témoignent d'une extension ou, en fait, de plusieurs extensions successives de la compréhension de cette notion qui, à leur tour, induisent des transformations de la citoyenneté et de la démocratie. D'autre part, nous avons éclairé les enjeux entourant l'articulation de la tension entre l'universalisme et le particularisme par un détour par la philosophie politique. Nous nous sommes plus spécifiquement intéressés aux débats autour de cet enjeu en ciblant les affrontements entre les défenseurs des Lumières, les conservateurs et les romantiques. L'étude de ce débat, en plus de révéler certaines limites, difficultés et enjeux fondamentaux liés à l'articulation de cette tension, permet de mettre en évidence la nouveauté de la tendance vers la fusion des pôles. En effet, des Lumières au romantisme politique, diverses représentations du sujet politique, de la communauté politique et diverses façons de lier l'universalisme et le particularisme ont été mises de l'avant et se sont opposées, mais aucune position ne préconisait ni ne prévoyait un aplanissement de la tension. Pour terminer, nous discutons brièvement des conséquences de l'érosion de l'État-nation sur l'aménagement de la tension entre l'universalisme et le particularisme ainsi que de différentes approches théoriques proposées afin de réfléchir à la cohésion sociale et à l'intégration politique dans le contexte des sociétés démocratiques pluralistes conjugué au phénomène de dispersion des pouvoirs de l'État-nation. ___________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : démocratie, fragmentation, universalisme et particularisme, monde commun, sujet politique, représentation, pluralisme, diversité, communauté politique.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Thériault, Joseph Yvon
Mots-clés ou Sujets: Démocratie / Citoyenneté / Diversité culturelle / Égalité / Institutions politiques
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de sociologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 21 nov. 2017 08:45
Dernière modification: 21 nov. 2017 08:45
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/10666

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