Méthode bossale, pour un imaginaire et une pratique visuelle décolonisés

Firmin, Eddy (2019). « Méthode bossale, pour un imaginaire et une pratique visuelle décolonisés » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études et pratiques des arts.

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Résumé

Comment faire une pratique visuelle enracinée quand son imaginaire est colonisé depuis ses racines esthétiques? La méthode bossale est proposée en réponse, parce qu'elle se présente comme un procédé d'excavation des logiques de remédiation séculaire. Elle propose un dispositif de décolonisation de l'imaginaire et de la pratique visuelle en interrogeant d'une part, les politiques de savoirs favorisés par l'espace culturel caribéen et en proposant d'autre part, des moyens de reverser ces logiques à la pratique visuelle contemporaine. En s'inscrivant dans le champ des études décoloniales, la méthode bossale affirme que les approches du savoir proposées par l'Occident sont aussi de puissants outils de désapprentissage du savoir formé par le colonisé, tout en interrogeant un art ancestral. Elle est axée sur le déploiement d'un récit personnel en lien avec l'imaginaire collectif ancestral. Par un ensemble de récits composés d'écrits et d'images, cette méthode autorise une fouille dans une épistémè raturée par la colonisation, c'est-à-dire dans les procédés immatériels produisant les codes fondamentaux culturels du langage, des systèmes de valeurs, de l'art et du savoir. Il s'agit d'explorer les logiques ancestrales de remédiation afin de les reverser dans la pratique artistique par le biais de l'analyse historique et ethnographique. Elle emprunte une part de la systémique du Gwoka (pratique d'art et de savoir propre aux îles de Guadeloupe), de la notion de table proposée par Georges Didi-Huberman (2011) et du concept de remédiation de Boiter et Grusin (2000). La méthode bossale est ainsi une proposition frontalière en même temps qu'une pensée "décorporée". En effet, elle tient compte d'un je-corps de la langue créole, c'est-à-dire d'une posture culturelle poussant chacun à toujours penser son individualité avec son corps et celui de sa communauté. Ainsi, ma pratique redirige une part des savoirs séculaires sur le corps, vers elle. Elle met en évidence une posture de légitime défense contre les violences épistémiques et raciales de l'histoire coloniale d'hier et d'aujourd'hui. Mon je-corps omniprésent dans mes créations organise une pratique omnidirectionnelle et éclatée (vidéo, dessin, sculpture, performance, graphisme, textualité, etc.). Tout comme la pratique du Gwoka à qui elle emprunte une très grande part de sa systémique, elle constitue une danse de l'équilibre précaire. C'est une bamboula "sauvage" qui ne renie ni l'apport de l'esthétique de l'Afrique ni celui de l'Occident. Au regard de cette dernière donnée, l'exposition de recherche Égo portrait, ou l'errance des oiseaux met en pratique une des logiques de remédiation du Gwoka : l'indiscernabilité. C'est-à-dire depuis un espace refusant la prostration victimaire prévue pour les peuples colonisés autant que l'arrogance d'une domination soutenue par des siècles de constructions intellectuelles. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : errance, (notion de) table, remédiation, méthode bossale, études décoloniales, décolonisation de l'imaginaire, récits-Atlas, indiscernabilité, éloquence, indiscernabilité, ruse, je-corps, Gwoka, code script, analyse, code artistique.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Jubinville, Yves
Mots-clés ou Sujets: Décolonisation dans l'art / Imaginaire dans l'art / Art antillais / Influence occidentale / Mémoires et thèses de création
Unité d'appartenance: Faculté des arts
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 12 déc. 2019 11:21
Dernière modification: 01 juill. 2020 23:10
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/12986

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