L'attrait des choses : quand l'art contemporain sonde l'écologie par la culture matérielle

Bélanger, Gentiane (2020). « L'attrait des choses : quand l'art contemporain sonde l'écologie par la culture matérielle » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en histoire de l'art.

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Résumé

Cette thèse explique le rapport renouvelé à la production matérielle dans un art contemporain dit « écologique ». Ce tournant matériel serait manifeste dans le recours foisonnant, inventif et bricoleur que font les artistes d’objets culturels, de design et de technologies —autrement dit, de tout ce qui relève de l’artéfact et de la technique. Cette considération marquée pour la culture matérielle dans l’appréhension du naturel chez plusieurs artistes contemporains soulignerait un changement d’attitude par rapport à l’artificialité du monde humain, mais aussi (et surtout) envers la place de la matérialité dans la compréhension du monde par l’esprit. Les pratiques artistiques dont il est question ne cherchent plus à contourner le prisme culturel pour espérer un contact « sans intermédiaire polluant » avec la nature, mais considèrent qu’une compréhension éclairée de la nature dépend, entre autres choses, d’une considération de la production culturelle par l’entremise de laquelle l’humain entre en relation avec le vivant et le non vivant. Autrement dit, cette thèse avance l’hypothèse selon laquelle le retour marqué d’artéfacts dans les pratiques artistiques écologiques sous-tend une reconnaissance du rôle de ces objets, au même titre que les phénomènes naturels observés, comme éléments d’un terreau expérientiel permettant l’émergence d’un rapport complexifié à la nature. Cette thèse analyse ainsi un courant de pensée amorcé au cours des années 1990 dans la production artistique et au propos de plus en plus articulé depuis le passage au XXIe siècle, et porte attention aux élaborations théoriques actuelles dans les champs de la culture matérielle, de la philosophie matérialiste et de la théorie de l’art. Une première partie détermine les terrains réflexifs de cette problématique de la nature dans l’art et les discours contemporains, et établit ses fondements théoriques et historiques. Un premier chapitre trace un sillage à travers l’histoire et les champs disciplinaires, afin de faire ressortir l’existence d’une pensée matérialiste non déterministe et non téléologique, fondée davantage sur la contingence, la créativité et l’absence de finalité. En plus d’étoffer la portée réflexive des observations en art actuel, ce détour historique permet de souligner les résurgences, les soubresauts, les ruptures et les reprises qui marquent l’évolution de cette perspective sur le monde. Cette trajectoire se poursuit, dans un second chapitre, dans le champ de la culture matérielle et les théories contemporaines de l’art, abordées sous l’angle d’un virage matériel. La deuxième partie propose l’analyse d’un corpus qui s’organise autour de trois axes théoriques qui métaphorisent en quelque sorte les trois « R » (réduire, réutiliser, recycler) de la gestion environnementale en postures philosophiques et en actions artistiques : le rafistolage, la refiguration, la résilience. Ces trois angles théoriques soulignent la contribution des pratiques contemporaines en art au développement de la pensée matérialiste, tant sur le plan du matérialisme philosophique que de la culture matérielle. Ils structurent également les trois chapitres de cette partie. L’attitude bricoleuse des collectifs BGL et T&T est analysée sous l’angle du rafistolage et de ses liens avec les figures du patenteux, du chiffonnier et du grappilleur dans sa capacité à composer à partir de la complexité du réel pour en réactiver les zones de latence. Le travail de Mark Dion est ensuite abordé à travers le prisme de la refiguration, c’est-à-dire le remaniement de constructions narratives et épistémologiques de la nature par l’entremise de la culture matérielle. Enfin, la discussion sur le principe de résilience s’ancre dans la pratique des collectifs Spurse et World of Matter, afin d’examiner les retombées critiques d’initiatives artistiques qui cherchent à mettre en application des concepts récemment mis de l’avant en philosophie néomatérialiste et en science de la nature. Cette thèse prend pied dans une tradition de pensée occidentale et affiche de surcroît la subjectivité principalement nord-américaine et Anglo-saxonne à partir de laquelle ces enjeux sont ici abordés. Ce caractère situé de la recherche resserre la réflexion sur la façon dont l’Occident a historiquement appréhendé et continue de penser la nature. Il s’agit par cette recherche d’investir les angles morts de la connaissance sur l’art et l’écologie, laissés en plan dans l’entrebâillement entre les humanités et la science. L’établissement de trajectoires de connaissance désenclavées des sillons disciplinaires permet de faire émerger des lectures inusitées de l’art contemporain et de sa place dans la compréhension écologique du monde. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : art contemporain et écologie, culture matérielle, néomatérialisme, BGL, Mark Dion, T&T, Spurse, World of Matter

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Fraser, Marie
Mots-clés ou Sujets: Écologie dans l'art / Matérialisme dans l'art / Culture matérielle dans l'art / Nature dans l'art / Art contemporain
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'histoire de l'art
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 02 sept. 2021 14:01
Dernière modification: 03 sept. 2021 10:09
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/14530

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