L'intervention en contexte de diversité culturelle au Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire : perception des intervenantes ayant recours au service de consultation interculturelle

Lebrun, Annie (2021). « L'intervention en contexte de diversité culturelle au Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire : perception des intervenantes ayant recours au service de consultation interculturelle » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.

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Résumé

L’objectif principal de cette recherche doctorale est de documenter la perception des intervenantes quant à la pertinence et l’influence du recours au Service de consultation interculturelle (SCI) du Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire (CJM-IU) pour leur travail clinique auprès des familles immigrantes. Plus spécifiquement, la présente recherche vise à 1) documenter la perception qu’ont les intervenantes en protection de la jeunesse des spécificités de l’intervention en contexte de diversité culturelle; et 2) documenter la contribution du SCI, telle que perçue par les intervenantes, pour l’intervention auprès des familles immigrantes. Nous répondons à ces objectifs via l’analyse de 47 entrevues qualitatives réalisées auprès de 30 intervenantes œuvrant au CJM-IU lors d’application de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) et ayant participé à une consultation au SCI. Une analyse thématique descriptive, selon la méthode de Paillé et Mucchielli (2008), a été réalisée. Cette thèse est composée de trois articles, le premier étant une recension des écrits visant à documenter l’état des connaissances sur les facteurs de risque et de protection pour la maltraitance chez les familles immigrantes et réfugiées et les deux suivants, présentant les résultats de la recherche effectuée. Le premier article, Review of child maltreatment in immigrant and refugee families (LeBrun et al., 2015), est une recension systématique des recherches relatives à la prévalence, ainsi qu’aux facteurs de risque et de protection de la maltraitance chez les familles immigrantes et réfugiées. Cette recension permet de constater que les enfants de ces familles ne sont pas plus à risque de maltraitance. De plus, ces familles partagent des caractéristiques communes avec les populations non immigrantes, mais présentent également des facteurs de risque et de protection spécifiques, relatifs au vécu prémigratoire et au processus d’établissement au pays d’accueil. Les recommandations pour la pratique sont de réaliser des évaluations exhaustives afin de bien cerner l’histoire familiale et prémigratoire, ainsi que les besoins de la famille, notamment ceux qui découlent des défis liés à l’installation au pays d’accueil et à la possibilité de retraumatisation. Pour des recherches futures, il est recommandé de documenter le pays de naissance des membres de la famille, ainsi que leur statut au pays d’accueil. De plus, il serait important d’évaluer les impacts des politiques publiques qui limitent l’accès à des ressources pour les familles immigrantes et réfugiées, ce qui a des conséquences sur leurs conditions de vie et le stress familial. Le deuxième article, Les spécificités de l’intervention en contexte de diversité culturelle et leur influence dans le travail en protection de la jeunesse (LeBrun, Hassan et Boivin, en préparation), s’intéresse aux spécificités de l’intervention en contexte de diversité culturelle et leur influence sur la pratique clinique, selon la perspective des intervenantes. Les résultats indiquent que ces spécificités ont une influence sur la compréhension qu’ont les intervenantes des situations vécues par les familles, sur la relation les unissant et sur l’intervention à mettre en place. Les intervenantes s’interrogent sur la place à accorder à la culture et à son impact dans la lecture et la compréhension des situations vécues. Il est constaté que le déséquilibre provoqué par le choc culturel et la confrontation à des schèmes de référence différents, ainsi que le manque de réflexion préalable sur leurs propres valeurs, biais et préjugés peuvent amener les intervenantes à avoir des positions défensives, ce qui influence leur relation avec la famille. Les recommandations sont que les intervenantes bénéficient d’une meilleure formation pour la gestion du choc culturel, ainsi que d’espaces de supervision afin de discuter de leur contre-transfert culturel. Elles doivent également recevoir un meilleur soutien de l’institution afin de pouvoir appliquer des interventions sensibles culturellement. Le troisième article, Évaluation du Service de consultation interculturelle du Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire : sa contribution à la pratique, du point de vue des intervenantes (LeBrun et al., 2019), expose les résultats dégagés des entrevues qualitatives réalisées avec les intervenantes et qui concernent spécifiquement leur perception de la contribution du SCI pour leur pratique clinique auprès des familles immigrantes. Nous y apprenons que ce service est un espace clinique ayant plusieurs fonctions, selon les besoins des intervenantes. Le SCI est apprécié lorsqu’il apporte une vision nouvelle des problématiques et enjeux vécus avec les familles, ainsi que des pistes de solutions à cet effet. Toutefois, les consultations peuvent être longues et les paramètres légaux ne sont pas toujours considérés, ce qui constitue des insatisfactions nommées par les intervenantes. Ces dernières sont également insatisfaites si leurs besoins ne sont pas répondus et qu’une réflexion sur la situation globale de la famille est proposée, plutôt qu’un plan d’action pour résoudre les difficultés présentes. Les résultats indiquent qu’il est impératif d’offrir de la formation relative à l’intervention en contexte de diversité culturelle aux intervenantes, qu’elles aient davantage de temps pour réaliser leurs interventions, ainsi qu’elles aient accès à des espaces de discussion clinique et de supervision pour les accompagner dans la réflexion face à la complexité des situations vécues avec les familles immigrantes. Ces résultats nous amènent à approfondir notre réflexion sur la posture de l’intervenante face à la diversité culturelle et aux enjeux culturels présents en intervention. Face aux défis rencontrés, nous constatons qu’elles vivent parfois une menace identitaire et ont des réactions défensives ou punitives, qui ont un effet négatif sur la relation avec la famille. Dans cette voie, il est impératif d’offrir aux intervenantes des formations et activités de transfert des connaissances relatives aux enjeux interculturels, ainsi que des espaces cliniques et de supervision afin qu’elles puissent faire une réflexion sur leur contre-transfert culturel et leur posture face à la famille. Les institutions doivent également offrir un contexte favorable pour réaliser des interventions sensibles culturellement. Pour la recherche, il importe de bonifier les connaissances actuelles sur la réalité des familles immigrantes et réfugiées lors de l’intervention de la protection de la jeunesse et d’en évaluer les impacts. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : intervention en contexte de diversité culturelle, protection de la jeunesse, évaluation, Service de consultation interculturelle, recherche qualitative.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF / A.
Directeur de thèse: Hassan, Ghayda
Mots-clés ou Sujets: Service social / Diversité culturelle / Familles immigrantes / Enfants immigrants / Travailleuses sociales / Protection de la jeunesse / Service de consultation interculturelle
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 29 oct. 2021 10:33
Dernière modification: 29 oct. 2021 10:33
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/14776

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