Rapports de pouvoir dans le développement ouvert de jeux vidéo : le cas de Star Citizen

Dumortier Saint-Laurent, Charles (2021). « Rapports de pouvoir dans le développement ouvert de jeux vidéo : le cas de Star Citizen » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en communication.

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Résumé

Le développement d’une compagnie de jeu indépendante est beaucoup plus fluide, libre et créatif que le développement d’une compagnie triple-A, même si celle-ci possède moins de ressources. La communication avec les joueurs est très importante pour le succès d’un jeu. Pour ce faire, les compagnies indépendantes misent sur une ouverture du développement, c’est-à-dire l’inclusion des joueurs dans le financement et dans certaines étapes de production. À partir du cas de Star Citizen (Cloud Imperium), nous nous questionnons sur cette ouverture du développement de plus en plus fréquente dans le domaine vidéoludique et sur la manière dont ce mode de production affecte les relations de pouvoir entre les joueurs et les développeurs. Nous avons découvert que les énoncés officiels de la compagnie promettent aux joueurs qu’ils pourront suivre les étapes du développement en temps quasi réel grâce au partage transparent de renseignements. On leur dit qu’ils pourront commenter les éléments du jeu et aider l’équipe à l’améliorer pour s’assurer que le jeu réponde à leurs attentes. Le président de la compagnie insiste également sur le fait que Cloud Imperium demeure un développeur indépendant malgré l’ampleur qu’a pris le jeu Star Citizen. À travers son message officiel, Cloud Imperium s’engage donc à donner un certain pouvoir aux joueurs sur le développement du jeu et à préserver l’esprit d’un développeur indépendant. Or, les fonctionnalités du dispositif de développement ouvert ne permettent qu’un partage d’information partiel, tardif et inégalitaire aux joueurs ainsi qu’une contribution limitée, impersonnelle et inéquitable de leur part. De plus, Cloud Imperium ne se conforme pas aux critères de l’indépendance financière et créative, puisque les investisseurs privés qui financent le marketing possèdent une part de la compagnie et peuvent influencer les décisions internes. En somme, les promesses faites à travers le discours de transparence, d’ouverture et d’indépendance de Cloud Imperium ne se traduisent pas entièrement dans les fonctionnalités de son dispositif de développement ouvert et dans son mode de fonctionnement. Elles servent plutôt à la compagnie de stratégies pour maintenir son pouvoir sur les joueurs, en encourageant le marketing viral et le playbour, c’est-à-dire la réalisation d’un travail gratuit qui profite à la compagnie (principalement sous la forme des rapports de bogues), tout en préservant l’image positive d’une compagnie qui priorise la créativité et la collaboration avec les joueurs sur le profit. Le pouvoir de Cloud Imperium repose également sur la hiérarchie qu’elle crée entre les joueurs en récompensant ceux qui contribuent davantage, sur des techniques de rhétorique qui masquent l’exploitation des joueurs en dépeignant leur contribution comme une activité ludique et une collaboration, ainsi que sur un contrôle des plateformes de communication où sont véhiculées les communications des joueurs. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : jeu vidéo, Star Citizen, développement ouvert, transparence, playbour

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF / A.
Directeur de thèse: Trépanier-Jobin, Gabrielle
Mots-clés ou Sujets: Conception de jeux vidéo / Joueurs de jeux vidéo / Travail non rémunéré / Développement ouvert / Playbour / Star Citizen
Unité d'appartenance: Faculté de communication
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 19 nov. 2021 14:06
Dernière modification: 19 nov. 2021 14:06
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/14851

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