Liens longitudinaux entre le biais négatif d'auto-évaluation de compétence scolaire et le sentiment d'imposture chez les élèves

Grenon, Élisa (2022). « Liens longitudinaux entre le biais négatif d'auto-évaluation de compétence scolaire et le sentiment d'imposture chez les élèves » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie.

Fichier(s) associé(s) à ce document :
[img]
Prévisualisation
PDF
Télécharger (2MB)

Résumé

En situation d’apprentissage, le biais négatif d’auto-évaluation de compétence correspond à un écart négatif plus ou moins marqué entre le potentiel scolaire de l’élève et l’évaluation qu’il en fait (Bouffard, Vezeau, Chouinard, & Marcotte, 2006; Phillips, 1984). De son côté, le sentiment d’imposture se définit comme la conviction d’une personne que sa compétence est surestimée par autrui (Clance, 1985; Clance & Imes, 1978). Ainsi, le fait de porter un regard dévalorisant sur sa compétence intellectuelle semble être l’élément qui fait défaut chez les élèves présentant l’un ou l’autre de ces phénomènes. Ce rapprochement conceptuel a amené certains auteurs à proposer qu’ils puissent être interdépendants (Kolligian, 1990; Kolligian & Sternberg, 1991). Depuis, des études ont montré que le biais négatif d’auto-évaluation de compétence scolaire et le sentiment d’imposture sont modérément corrélés chez les élèves et ce, même à travers le temps (Bouffard, Vezeau, Roy, & Lengelé, 2011; Grenon & Bouffard, 2016). Malgré ceci, aucune étude n’a cherché à examiner les antécédents et retombées potentiellement partagés par ces phénomènes de même que leur évolution concomitante pendant la scolarisation. Cette thèse vise à éclairer ces questions au moyen de deux études longitudinales fermement ancrées dans la perspective sociocognitive (Bandura, 1989). La première étude, s’échelonnant sur quatre années consécutives, vise à : 1) établir les profils des caractéristiques personnelles (estime de soi, sensibilité à l’erreur et anxiété d’évaluation) et familiales (perception de soutien parental conditionnel et perception de surprotection parentale) de 648 jeunes de 1ère (12-13 ans) et 2ème secondaire (13-14 ans) et 2) vérifier si le même profil permet de prédire le biais négatif d’auto-évaluation de compétence scolaire et le sentiment d’imposture chez ces élèves les trois années subséquentes. Les résultats de l’analyse de profils latents ont révélé la présence de deux profils de caractéristiques familiales et personnelles dans notre échantillon d’élèves. Un groupe présentait une tendance « négative » caractérisée par une surprotection parentale, un soutien parental conditionnel, une anxiété d’évaluation et une sensibilité à l’erreur élevés ainsi qu’une faible estime de soi. L’autre groupe présentait une tendance « positive » : les scores des élèves pour toutes les variables familiales et personnelles étaient plus favorables. Tel que prévu, l’appartenance au profil « négatif » prédit un biais négatif d’auto-évaluation de compétence scolaire et un sentiment d’imposture élevé aux T2, T3 et T4. La seconde étude, utilisant un devis de sept années consécutives, vise à examiner : 1) les trajectoires univariées d’évolution du biais d’auto-évaluation de compétence et du sentiment d’imposture durant six années consécutives chez 805 élèves de la 5ème année du primaire à la 4ème année du secondaire, 2) l’évolution concomitante du biais d’auto-évaluation de compétence scolaire et du sentiment d’imposture à l’aide d’un modèle de trajectoires jointes, et 3) si la présence de problèmes intériorisés en 5ème secondaire, soit les symptômes dépressifs et les symptômes d’anxiété sociale, varie en fonction de l’appartenance aux trajectoires jointes identifiées. Les résultats des analyses de trajectoires univariées portant sur le biais d’auto-évaluation ont montré que 52.8% des élèves suivaient une trajectoire d’auto-évaluation réaliste et stable, 29.4% suivaient une trajectoire de biais positif croissant et 17.8% suivaient une trajectoire de biais négatif croissant. Les résultats des analyses de trajectoires univariées portant sur le sentiment d’imposture ont montré que la majorité des élèves (80.2%) se retrouvait sur une trajectoire de sentiment d’imposture faible décroissant. Les autres élèves (19.8%) se retrouvaient sur une trajectoire de sentiment d’imposture modérée et stable (i.e. chronique). Les analyses de trajectoires jointes ont révélé la présence de six groupes distincts (2X3) incluant une trajectoire présentant un biais négatif croissant et un sentiment d’imposture chronique concomitants regroupant 12% des élèves. Les probabilités conditionnelles ont montré que les élèves suivant une trajectoire de biais négatif croissant étaient les plus susceptibles de suivre une trajectoire de sentiment d’imposture chronique. En 5ème secondaire, les symptômes dépressifs et d’anxiété sociale des élèves différaient selon leur groupe d’appartenance. Les résultats suggèrent que les élèves suivant une trajectoire combinant un biais positif croissant et un sentiment d’imposture faible semblent davantage protégés que les autres élèves contre les troubles intériorisés. L’ensemble des résultats de cette thèse amène à réfléchir aux liens qui unissent le biais négatif d’auto-évaluation de compétence scolaire et le sentiment d’imposture chez les élèves. En effet, les résultats suggèrent que ces phénomènes ont des antécédents communs et qu’ils évoluent de façon concomitante chez les élèves. Pris ensemble, ces résultats indiquent que le biais négatif d’auto-évaluation et le sentiment d’imposture pourraient être deux facettes d’une problématique plus large telle que le traitement biaisé des informations à propos de sa compétence ou encore la tendance à l’autoprotection. Ces problématiques pourraient elles-mêmes découler d’un concept négatif de soi. Pour répondre à ces questions, des études futures devraient chercher à examiner non seulement les caractéristiques partagées par le biais négatif d’auto-évaluation de compétence scolaire et le sentiment d’imposture, mais celles qui leur sont spécifiques. Ceci permettrait, entre autres, d’obtenir un portrait plus complet des facteurs impliqués dans leur émergence et de préciser les interventions pouvant les contrer. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Biais d’auto-évaluation de compétence scolaire, sentiment d’imposture, surprotection parentale, soutien conditionnel, anxiété d’évaluation, perfectionnisme, estime de soi, symptômes dépressifs, anxiété sociale

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: Bouffard, Thérèse
Mots-clés ou Sujets: Perception de compétence / Performance scolaire / Sentiment d'imposture / Élèves du secondaire / Auto-évaluation / Influence parentale / Psychologie
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 14 déc. 2022 10:02
Dernière modification: 14 déc. 2022 10:02
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/16212

Statistiques

Voir les statistiques sur cinq ans...