Djinns, femmes et islam à Odienné en Côte d'Ivoire

Jutras, Laurence (2022). « Djinns, femmes et islam à Odienné en Côte d'Ivoire » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en sociologie.

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Résumé

Ce mémoire de maîtrise est le fruit d’une enquête ethnographique réalisée entre mars et juin 2019 à Odienné, une ville d’environ 60 000 habitants-es située au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire. Il porte sur le rapport de femmes musulmanes au monde des djinns. Les djinns, aussi appelés génies, sont des entités généralement invisibles qui peuvent posséder les humains à leur insu et qui sont reconnues tant dans le Coran que dans les religions animistes locales. Ce mémoire met en lumière de quelle manière les pratiques et savoirs liés au monde des djinns interviennent dans la construction de la subjectivité islamique de femmes issues de deux groupes, auprès desquels ont été réalisés entretiens semi-directifs et observations. Le premier groupe est formé de sept guérisseuses appelées « djinatiguis », c’est-à-dire maîtres des djinns en langue malinké. D’abord tourmentées par les djinns, elles en sont venues à se lier à eux par un pacte suivant lequel ceux-ci leur donnent accès à des connaissances médicinales exceptionnelles en échange de sacrifices divers et de l’observance de certaines règles. Le second groupe est constitué de onze lycéennes toutes sympathisantes ou militantes dans une association étudiante islamique d’envergure nationale. Elles craignent d’être les victimes d’attaques de djinns à l’école, un phénomène dont elles ont pratiquement toutes été témoins et qui peut occasionner, majoritairement chez les filles, des épisodes de transes de possession en pleine classe. Ce mémoire situe la relation complexe que les lycéennes et les djinatiguis entretiennent avec les djinns à l’intersection de deux dynamiques générales des sociétés ouest-africaines islamisées explorées dans le contexte local d’Odienné : l’une de renouveau moral de l’islam faisant de la piété féminine un enjeu public et l’autre de foisonnement des pratiques mystiques sur fond de controverses autour de leur légitimité. Ce mémoire démontre que l’univers des djinns forme pour les femmes un espace important de positionnement vis-à-vis des normes dominantes de genre et de comportement véhiculées par les autorités religieuses, quoique cela se joue différemment pour les djinatiguis et les lycéennes. Bien que les djinatiguis considèrent le plus souvent en accord islam et pratiques de collaboration avec les djinns, leur relation avec ces entités les place parfois dans un rapport ambigu - entre adhésion et distanciation - face aux préceptes de leur religion. Chez les lycéennes, les rapports d’évitement avec les djinns, écartés par la manifestation d’une foi sincère et la récitation de versets coraniques, contribuent à un processus plus vaste de construction de soi comme sujet pieux. _____________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : femmes musulmanes, djinns, subjectivité islamique, pratiques mystiques, Côte d’Ivoire

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Fichier numérique reçu et enrichi en format PDF/A.
Directeur de thèse: LeBlanc, Marie-Nathalie
Mots-clés ou Sujets: Femmes musulmanes / Djinn / Occultisme islamique / Subjectivité / Islam / Côte-d'Ivoire
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de sociologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 10 nov. 2023 16:18
Dernière modification: 10 nov. 2023 16:18
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/17137

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