Ré-écriture(s) de la drogue : De Quincey, Baudelaire, Huxley, Michaux, Duits

Monette, Annie (2014). « Ré-écriture(s) de la drogue : De Quincey, Baudelaire, Huxley, Michaux, Duits » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en études littéraires.

Fichier(s) associé(s) à ce document :
[img]
Prévisualisation
PDF
Télécharger (35MB)

Résumé

Cette thèse s'intéresse à l'écriture de la drogue dans onze textes de cinq auteurs (Confessions of an English Opium-Eater (1821), Suspiria de Profundis (1846), de Thomas de Quincey; Les Paradis artificiels (1856), de Charles Baudelaire; The Doors of Perception (1954), Heaven and Hell (1956), d'Aldous Huxley; Misérable miracle (1956), L'Infini turbulent (1957), Connaissances par les gouffres (1961), Les Grandes épreuves de l'esprit (1966), d'Henri Michaux; Le Pays de l'éclairement (1967), La Conscience démonique (1974), de Charles Duits) - et dans six autres textes « témoins » de divers auteurs. Par « écriture de la drogue », nous entendons une pratique qui rend compte d'une expérience avérée, de la part de l'auteur, d'une ou de plusieurs substances. Notre recherche est exploratoire : elle vise à repérer les caractéristiques, les mécanismes, les formes et les manifestations de cette écriture pour en dégager une compréhension et une description. Le chapitre I présente une description des substances abordées dans les textes étudiés (opium, mescaline, chanvre, peyotl, LSD, psilocybine) et des produits fréquemment évoqués dans les écrits de la drogue (cocaïne, morphine, éther). Nous effectuons ensuite un portrait de l'histoire des psychotropes ainsi que de la littérature de la drogue. Ce chapitre se termine par une revue de la littérature qui relève les orientations des principaux travaux menés sur les textes du corpus et situe notre recherche en regard de ceux-ci. Le chapitre II expose la représentation que les auteurs se font et donnent de la drogue dans leurs textes. Quatre positions se dégagent : l'opposition (Michaux), la sujétion (de Quincey), la dénonciation (Baudelaire) et l'adhésion (Huxley et Duits). Nous montrons que la représentation de la drogue se situe sur un fil assez mince entre « bon » et « mauvais », entre « plaisir » et « déplaisir ». Cette représentation est à l'image de la drogue elle-même, à la fois poison et remède. La dernière partie du chapitre aborde les frontières que la drogue figure : l'exploration, le rapport du normal et de l'anormal, la folie et le savoir. Le chapitre III s'intéresse au sujet et à la dé-limitation qu'il subit dans l'expérience de la drogue. Chez Michaux, elle est de l'ordre de l'agression. Chez Huxley et Duits, la négation de soi ou la formation d'un moi nouveau sont au contraire recherchées et souhaitées. Chez Baudelaire et de Quincey, nous examinons plus proprement les positions limites occupées par les sujets dans les textes. De Quincey présente un sujet confessant à la fois misérable et sublime, mais toujours extraordinaire. Baudelaire ne parle pas de sa propre expérience : il adopte une position d'autorité morale et compense l'absence du sujet sous drogue par différents sujets « autres » auxquels incombe la responsabilité expérimentale. En revenant sur la place des Confessions dans la monographie baudelairienne, nous montrons que cette absence relève en fait de la dissimulation. En dernier lieu, nous proposons d'envisager le « sujet du texte » comme l'instance qui réunit les états du sujet et les moments de l'expérience et qui incarne la ré-union du sujet. Le chapitre IV se penche sur le rapport à l'écriture et au langage. Nous exposons d'abord les écueils auxquels sont confrontés les auteurs dans leur tâche, le plus grand étant l'indicible. Toutefois, les difficultés ne font pas qu'entraver l'écriture, mais la motivent également : il est possible d'écrire malgré tout. Nous nous attardons ensuite à l'écriture « sous influence » (chez Michaux) : si elle est très proche dans le temps du moment de l'expérience, elle ne permet pas de contourner les problèmes d'écriture et de langage observés précédemment. C'est en ce sens que nous proposons de parler, en définitive, d'une ré-écriture de la drogue. La ré-écriture évoque le chemin à rebours effectué pour revenir au langage, pour arriver au texte. Nous étudions ses mécanismes dans un chapitre de Connaissances par les gouffres et ses diverses manifestations dans les autres textes du corpus. La ré-écriture met en place un nouvel espace expérientiel, le texte. Elle constitue aussi une nouvelle expérience qui n'est plus celle de la drogue, mais de l'écrit. Elle consiste en l'ultime réintégration des limites transgressées lors de l'ingestion initiale du produit. Elle est en cela une expérience (des) limite(s) – de la drogue, du langage, de l'écriture. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : écriture de la drogue, ré-écriture, expérience, limites

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur
Directeur de thèse: Nevert, Michèle
Mots-clés ou Sujets: De Quincey Thomas 1785-1859, Baudelaire Charles 1821-1867, Huxley Aldous 1894-1963, Michaux Henri 1899-1984, Consommation de drogue, Drogue, Hallucinogène, Psychotrope, Création littéraire, Art d'écrire, Réécriture (Littérature)
Unité d'appartenance: Faculté des arts > Département d'études littéraires
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 18 août 2014 20:52
Dernière modification: 01 nov. 2014 02:28
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/6039

Statistiques

Voir les statistiques sur cinq ans...