Les corrélats de l'hyperphagie chez des jeunes femmes d'âge collégial en provenance d'un échantillon non-clinique

Mailloux, Geneviève (2013). « Les corrélats de l'hyperphagie chez des jeunes femmes d'âge collégial en provenance d'un échantillon non-clinique » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en psychologie (Essai doctoral).

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Résumé

Problématique : L'embonpoint et l'obésité sont des problèmes de santé très répandus et en augmentation croissante dans les trois dernières décennies. Des études épidémiologiques récentes suggèrent d'ailleurs que la prévalence de l'obésité est supérieure à 20 % dans la plupart des pays occidentaux et une majorité d'adultes présenterait un surpoids, c'est-à-dire embonpoint et obésité confondus (Fiegal, Carroll, Ogden & Curtin, 2010; Ford & Mokdad, 2008). Alors que l'effet néfaste de l'embonpoint et de l'obésité n'est plus à démontrer, il y a un besoin urgent d'identifier les corrélats psychologiques ainsi que les facteurs de risque de l'embonpoint et de l'obésité afin d'en améliorer la prévention et le traitement. Un des facteurs identifiés depuis longtemps comme contribuant de façon importante aux problèmes de surplus de poids est l'hyperphagie, qui reflète un comportement alimentaire marqué par des excès alimentaires occasionnels, récurrents ou chroniques (Kaplan & Kaplan, 1957; Noppa & Hallstrom, 1981). L'association entre l'hyperphagie et les excès de poids est bien établie. Cependant, la plupart des études au sujet de l'hyperphagie ont mis l'accent davantage sur des syndromes et populations cliniques, et à ce titre, sur des individus qui consultent un professionnel de la santé pour un problème de surplus de poids ou d'hyperphagie boulimique. Nos connaissances concernant différentes formes d'hyperphagie sont donc incomplètes et biaisées, les études sur le sujet ayant quelque peu négligé les seuils sous-cliniques d'hyperphagie dans des échantillons populationnels ou non-cliniques. Objectifs et hypothèses : Bien que les connaissances relatives à l'hyperphagie boulimique soient abondantes, il est nécessaire d'élargir notre compréhension face à différentes présentations cliniques de l'hyperphagie. Cet essai doctoral a comme objectif d'examiner l'association entre l'hyperphagie et des corrélats établis et supposés de l'hyperphagie boulimique. Nous avons prédit que l'affect négatif, les insatisfactions corporelles, les restrictions alimentaires, l'intéroceptivité, la désinhibition et la faim seraient significativement associés à l'hyperphagie non-boulimique chez les jeunes femmes de cet échantillon non-clinique. Méthodologie : L'échantillon final de cette étude est composé de 1447 jeunes femmes âgées de 18 à 21 ans recrutées dans 14 établissements collégiaux et sept universités situés à Montréal, Laval et en Montérégie. Suite à la signature d'un consentement écrit, les participantes devaient compléter un cahier de questionnaire comprenant cinq questionnaires auto-administrés : un questionnaire maison recueillant des informations sociodémographiques ainsi que des données anthropomorphiques; le Eating Disorder Examination Questionnaire [EDE-Q] (Cooper & Fairburn, 1987; Fairburn & Beglin, 1994); la sous-échelle Interoceptive Awareness du Eating Disorder Inventory [EDI-IA] (Garner, Olmstead & Polivy, 1983); le Differential Emotions Scale IV [DES IV] (Biumberg & Izard, 1986); ainsi qu'une traduction française validée du Three-Factor Eating Questionnaire [TFEQ] maintenant appelé Eating Inventory [EI] (Stunkard & Messick, 1985). Les participantes ont par la suite été réparties dans quatre groupes selon les réponses fournies à deux questions concernant la présence ou l'absence d'épisode(s) d'hyperphagie accompagné(s) ou non d'une perte de contrôle : absence d'hyperphagie et de perte de contrôle; absence d'hyperphagie avec perte de contrôle; hyperphagie sans perte de contrôle; et hyperphagie avec perte de contrôle. Résultats : Dans l'ensemble, les résultats de l'étude démontrent que l'hyperphagie est un comportement assez répandu, même chez des participantes en provenance d'un échantillon non-clinique, avec 40 % des participantes qui rapportent au moins un épisode d'hyperphagie, avec ou sans perte de contrôle dans le dernier mois. Tel que nous l'avions prédit, l'affect négatif, les insatisfactions corporelles, les restrictions alimentaires, l'intéroceptivité, la désinhibition et la faim sont significativement associés à l'hyperphagie, expliquant 33 % de la variance relative à l'hyperphagie et à la perte de contrôle. Par ailleurs, les insatisfactions corporelles semblent être significativement associées à la perte de contrôle nonobstant la présence d'hyperphagie, tandis que la désinhibition et la faim semblent être les deux corrélats les plus significativement associés à l'hyperphagie boulimique et non-boulimique. Enfin, contrairement à l'hypothèse postulée, un déficit de conscience intéroceptive ne semble pas être significativement associé à l'hyperphagie dans cet échantillon non-clinique. Conclusions et implications : La force des associations trouvées ainsi que le pourcentage de la variance expliquée par les variables indépendantes quant à l'hyperphagie indique qu'il s'agit là de résultats qui pourraient possiblement avoir un effet significatif d'un point de vue clinique. En effet, l'hyperphagie est un comportement très prévalent, même dans une population non-clinique avec 40 % des participantes qui rapportaient un épisode hyperphagique dans le dernier mois. Par ailleurs, les résultats indiquent que plusieurs corrélats de l'hyperphagie boulimique sont aussi associés à d'autres formes d'hyperphagie (non-boulimique), même auprès d'un échantillon non-clinique. Ces résultats contribuent à améliorer notre compréhension d'un comportement alimentaire quelque peu négligé dans la documentation scientifique sur les troubles reliés aux conduites alimentaires. Bien que l'hyperphagie boulimique ait été la cible de plusieurs études, d'autres formes d'hyperphagie sous-cliniques ont reçu peu d'attention bien qu'elles puissent aussi contribuer à une détérioration du comportement alimentaire ainsi qu'à l'embonpoint et l'obésité. Cette étude a permis de démontrer que l'hyperphagie est fréquente chez les jeunes femmes de la communauté et qu'elle semble associée à plusieurs facteurs de risque établis et émergents traditionnellement reliés à l'hyperphagie boulimique ou identifiés dans des populations cliniques. De plus, les résultats obtenus concernant la désinhibition et la faim pourraient avoir un effet significatif sur les programmes de dépistage, de prévention et d'intervention puisque leur effet sur l'hyperphagie boulimique et non-boulimique semble significatif, même chez une population non-clinique de jeunes femmes d'âge collégial. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Hyperphagie, perte de contrôle, désinhibition, faim, restrictions alimentaires, insatisfactions corporelles.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: L'essai a été numérisé tel que transmis par l'auteur.
Directeur de thèse: Bergeron, Sophie
Mots-clés ou Sujets: Hyperphagie. Aspect psychologique, Boulimie, Obésité. Facteurs de risques, Troubles du comportement alimentaire chez la femme. Étiologie, Alimentation. Aspect psychologique, Jeunes femmes, Étudiantes du collégial
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de psychologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 13 juill. 2015 15:21
Dernière modification: 21 nov. 2022 13:15
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/7113

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