D'une déterritorialisation à l'autre : problématisation sociologique des concepts d'espace et de territoire

Fortier, Jean-François (2016). « D'une déterritorialisation à l'autre : problématisation sociologique des concepts d'espace et de territoire » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en sociologie.

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Résumé

Cette thèse propose une problématisation sociologique des concepts d'espace et de territoire sur le fond desquels se découpent nombre de préoccupations contemporaines. Plus précisément, elle élabore ces concepts de manière à rendre compte de la dynamique sociale-historique de spatialisation et des variations du statut de la spatialité qu'elle implique dans un contexte marqué par une incertitude croissante concernant les espaces d'inscription des sociétés. S'appuyant sur une démarche régressive-progressive dont l'objectif est d'éclairer le monde social par le biais d'une élucidation du processus de production du présent et de ses catégories, elle défend l'idée selon laquelle l'enjeu est celui d'un détour politique de la structure de reproduction des pratiques sociales par lequel les sociétés ont objectivé un ordre spatial (« territorial »), aujourd'hui soumis à un processus de déstructuration (« déterritorialisation »). La thèse se compose de quatre chapitres. Le premier chapitre soumet à une critique épistémologique diverses thèses centrales dans les sciences sociales contemporaines concernant le processus qualifié de « déterritorialisation ». Par une analyse des apports et des limites de ces thèses, il est montré que, à condition d'être repensé à l'aune d'une théorisation pertinente des médiations normatives et institutionnelles au fondement du processus de spatialisation lui-même, le concept de déterritorialisation possède un fort potentiel heuristique. Dans cette optique, le second chapitre s'attaque aux concepts de spatialité et de spatialisation. De l'espace comme dimension intrinsèque de l'expérience du monde d'un être vivant à la question de l'expérience humaine de la spatialité, il profite d'un éclairage phénoménologique pour montrer en quoi l'analyse sociologique de la spatialité suppose de mettre fin à la tentation de concevoir un espace en soi, préexistant à l'activité sociale (spatialisme) ou la projection d'un ordre social sur une surface donnée (projectionnisme). Il expose de la sorte l'idée selon laquelle l'expérience humaine de la spatialité, indissociable des modalités d'intégration et de régulation de l'activité sociale, implique une analyse des pratiques, représentations et instances de régulation qui médiatisent l'appréhension sensible et symbolique de la distance, de la proximité et de leurs intervalles, en ordonnançant son expérience et en fournissant des catégories à même de l'inscrire dans l'ordre d'un sens collectivement partagé. Approfondissant cette démarche, la thèse s'appuie ensuite sur la théorie des modes de reproduction formels de la société élaborée par le sociologue Michel Freitag afin de développer une compréhension idéal-typique des modes sociétaux de spatialisation. Des « espaces anthropologiques » relevant d'un « statut culturel-symbolique » des communautés de culture au « territoire » relevant d'un « statut politico-institutionnel » des États traditionnels, dans le troisième chapitre, puis modernes, dans le quatrième chapitre, cette distinction catégorique et structurelle est déployée en une histoire politique de la spatialisation qui se donne à lire comme un procès de territorialisation intrinsèque à l'objectivation formelle de la spatialité et à son institutionnalisation en territoire. Enfin, recadrée en tant que crise du statut politico-institutionnel de l'espace, la thèse fait retour en conclusion sur la question de la déterritorialisation. Conformément à la démarche régressive-progressive adoptée, elle propose une hypothèse prospective générale, radicale et négative : d'une déterritorialisation à l'autre, elle questionne les mécanismes de la nouvellement nommée « gouvernance territoriale » et leur apport à l'avènement de ce qui est dès lors qualifié d'empire de la dislocation. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : espace, spatialisation, territoire, territorialisation, déterritorialisation, modes de reproduction formels, État, gouvernance territoriale

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Lacroix, Jean-Guy
Mots-clés ou Sujets: Espace -- Aspect sociologique / Comportement spatial / Territorialité humaine / Relations humaines / Territoire national
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de sociologie
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 29 nov. 2016 19:11
Dernière modification: 29 nov. 2016 19:11
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/9114

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