Le système des verbes à classificateur de la langue des signes québécoise

Voghel, Amélie (2016). « Le système des verbes à classificateur de la langue des signes québécoise » Thèse. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Doctorat en linguistique.

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Résumé

Cette thèse porte sur les verbes à classificateur (VCL) de la LSQ. Les VCL se distinguent des autres verbes de la langue par le fait de contenir un morphème classificateur, qui renvoie à un référent nominal en fonction de propriétés saillantes de son référent, le plus souvent des propriétés de forme. Les VCL expriment la localisation, le mouvement, le changement de position, la manipulation et la forme d'une entité. Parce qu'ils mettent à profit l'iconicité, la simultanéité et l'utilisation linguistique de l'espace, les VCL défient les analyses traditionnelles. Dans les langues des signes, ils ont donné lieu à une panoplie d'analyses et des caractérisations divergentes (voir Schembri, 2003). Avant cette thèse, les descriptions précédentes des VCL de la LSQ (Dubuisson et al., 1996; Lajeunesse, 2001) ont porté sur la description générale des classificateurs (la configuration manuelle), leur sélection en fonction de leur antécédent nominal ainsi que de leur classification. On ne disposait que de très peu d'informations sur leur comportement en contexte discursif et leurs fonctions dans la langue. L'objectif de cette thèse est de fournir une analyse explicative de la nature et du fonctionnement des VCL de la LSQ. Plus spécifiquement, il s'agit 1) d'effectuer une analyse de leurs éléments de structure, 2) de décrire leur marquage argumental et les situer dans le système verbal de la LSQ, 3) d'expliquer leur distribution en contexte discursif et 4) de formuler et de tester une proposition de la catégorisation des VCL et d'en montrer la pertinence. Les moyens mis de l'avant dans la thèse pour atteindre ces objectifs sont la description et l'analyse des VCL, autant d'un point de vue lexical, morphosyntaxique, syntaxique que discursif, à partir de données provenant d'un corpus de productions discursives de quatre participants sourds (Lelièvre et al., 2009). Nos résultats ont permis de mettre à jour un inventaire de 12 classificateurs, et révèlent de nouvelles formes et emplois. Notre analyse propose que les classificateurs de la LSQ sont des éléments monosémiques qui peuvent entrer dans la formation de VCL de trois catégories (sur la base des travaux de Schembri, 2001, 2003, entre autres) : 1) les VCL entité, 2) les VCL de préhension, et 3) les VCL spécificateurs de taille et de forme. Par ailleurs, c'est le mouvement du VCL en contexte qui détermine la catégorie du VCL. Du point de vue du marquage argumentai, nos résultats ont montré que comme pour les verbes lexicaux (Parisot, 2003), la forme de base du VCL (son mouvement primaire) détermine les possibilités du marquage argumental. Les VCL peuvent être apparentés aux verbes souples et semi-rigides, qui marquent l'accord à l'aide de la localisation directe. Toutefois, à la différence de ces derniers, ils n'utilisent ni l'orientation ni le POINTÉ afin de marquer leurs arguments. En effet, dans les VCL, l'orientation marque l'orientation du référent et n'est donc pas une stratégie disponible pour marquer l'accord. De plus, la forme manuelle des VCL (classificateur et localisation directe) est utilisée pour marquer l'accord, réduisant le besoin de l'ajout d'un marqueur comme le POINTÉ pour l'accord. Nous proposons donc que les VCL constituent un sous-système particulier du système verbal de la LSQ, avec des caractéristiques qui lui sont propres. Notre analyse de la distribution des VCL montre qu'en contexte discursif, la réutilisation du contexte spatial est l'élément qui influence le plus la production de VCL que la simple description d'entité. De plus, les VCL sont utilisés avant tout dans des contextes de production de formes saillantes. Enfin, le choix d'utiliser un type de VCL plutôt qu'un autre dépend de la perspective pragmatique adoptée par le signeur. En ce qui a trait à la relation entre le classificateur et son antécédent, nos résultats montrent que l'identification du référent précède l'actualisation du VCL et que les VCL sont le plus souvent utilisés pour maintenir la référence d'un nom. Finalement, au niveau propositionnel, notre analyse montre que les propositions à VCL sans argument lexicalement réalisé sont fréquentes et que la représentation corporelle influence le nombre d'arguments réalisés. De plus, les VCL se retrouvent dans des constructions verbales complexes (séquences verbales, verbes écho et VCL simultanés). Les résultats de cette thèse contribuent à mieux comprendre le système des VCL de la LSQ et la façon dont il s'intègre au système verbal. De plus, ils contribuent à l'approfondissement des connaissances sur les aspects distributionnels, jusqu'ici peu explorés en LSQ, et particulièrement en contexte discursif. Enfin, les connaissances sur les VCL participent à l'avancement des connaissances sur l'impact de la modalité visuogestuelle sur la structure des langues des signes. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Langue des signes québécoise (LSQ), verbes à classificateur, classificateur, morphosyntaxe, marquage argumental.

Type: Thèse ou essai doctoral accepté
Informations complémentaires: La thèse a été numérisée telle que transmise par l'auteur.
Directeur de thèse: Parisot, Anne-Marie
Mots-clés ou Sujets: Langue des signes québécoise -- Classificateurs / Verbe / Morphosyntaxe / Marque (Linguistique)
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > Département de linguistique
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 02 mars 2017 15:03
Dernière modification: 02 mars 2017 15:03
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/9404

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