Personnes toxicomanes vieillissants et services institutionnels de santé : inclusion, exclusion et auto-exclusion

Bel, Sophie (2016). « Personnes toxicomanes vieillissants et services institutionnels de santé : inclusion, exclusion et auto-exclusion » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en travail social.

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Résumé

Cette recherche vise à comprendre comment des personnes toxicomanes vieillissantes se sentent perçues par les services institutionnels de santé, dans quelles circonstances elles les utilisent et comment elles s'y adaptent. Les participants de cette étude se sont engagés dans une « carrière » de toxicomane. Les écrits scientifiques consultés dans le premier chapitre, la problématique, informent qu'il s'agit d'une problématique en émergence. En effet, la génération des « baby-boomers » est importante sur le plan démographique et c'est la génération qui a consommé le plus de psychotropes. La recension des écrits suggère que ces personnes cumulent plusieurs facteurs de stigmatisation sociale. Leur mode de vie les expose à un vieillissement précoce ainsi qu'à certaines maladies chroniques. De ce fait, ils sont susceptibles d'utiliser les services institutionnels de santé. Ce système véhicule des normes, des valeurs, comme la responsabilisation face à sa santé, l'autonomie, les saines habitudes de vie. Comment des personnes « hors normes », dont le mode de vie transgresse ces valeurs, s'y adaptent-elles? Le cadre conceptuel s'appuie sur les théories interactionnistes de la déviance, défendues par Becker et Goffman, dans la mesure où ces théories tiennent compte des liens avec les systèmes normatifs et les enjeux sociaux prônés par ceux-ci, en tenant compte du rôle que jouent ces institutions et ces groupes dans l'attribution des statuts de déviants. L'interaction entre les services institutionnels de santé et les personnes à l'étude est considérée selon le concept de Goffman, les rencontres mixtes, où des personnes porteuses de stigmates sont en relation avec les soignants, qui représentent et véhiculent les valeurs sociales dominantes et valorisées. La démarche présentée ici tente de cerner les particularités individuelles sur le continuum exclusion/inclusion des participants à l'étude dans leur parcours au sein de services institutionnels afin d'éclairer le problème du « hors norme » à partir de l'action et de l'acteur, selon Roy et Hurtubise. Le récit de la trajectoire de services et de la trajectoire de toxicomanie de six personnes toxicomanes de 50 et plus sera analysé par le biais de l'analyse thématique afin de rendre compte de leur vécu d'exclusion, d'inclusion et d'auto-exclusion dans leurs relations avec le système institutionnel de santé. Les thèmes qui émergent rendent compte de leurs modes d'adaptation, de leurs besoins et des valeurs qu'ils défendent. Les résultats suggèrent qu'ils se sentent particulièrement stigmatisés. La stigmatisation ressentie leur confirme qu'ils sont exclus des traitements et des soins reçus par des personnes plus conformes. Ceux dont le parcours de vie est le plus éloigné des normes valorisées socialement réfutent et se révoltent contre le jugement porté sur eux, parfois violemment, confirmant ainsi aux yeux des soignants les attributs négatifs attachés aux stigmates. Ils ne reconnaissent et ne connaissent pas les valeurs prônées par le système institutionnel de santé, au profit de celles qu'ils ont construites, confirmant ainsi le postulat de Becker : deux mondes étrangers. Par contre, le moins marginalisé des participants ressent de la honte, indiquant ainsi qu'il a intériorisé les attributs négatifs attachés au stigmate, selon l'hypothèse de Goffman. L'action de s'auto-exclure constitue le plus souvent une tentative pour échapper au jugement négatif et pour mettre à profit leurs savoirs, leurs valeurs conformes à leur mode de vie, confirmant ainsi l'hypothèse d'Hérard. L'inclusion repose avant tout sur l'établissement d'un dialogue et d'une relation de confiance avec les soignants, qui repose sur la capacité des soignants à négocier le possible, le souhaitable, le permis, sur leur capacité à définir clairement les limites sans être dupes face aux tentatives de manipulations que les participants concèdent exercer. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : toxicomanes vieillissants, système institutionnel de santé, inclusion, exclusion, auto-exclusion, stigmatisation.

Type: Mémoire accepté
Informations complémentaires: Le mémoire a été numérisé tel que transmis par l'auteur.
Directeur de thèse: Doucet, Marie-Chantal
Mots-clés ou Sujets: Toxicomanes -- Services / Services de santé / Toxicomanes -- Attitudes / Personnes d'âge moyen / Génération du baby-boom / Stigmatisation (Psychologie sociale) / Exclusion sociale
Unité d'appartenance: Faculté des sciences humaines > École de travail social
Déposé par: Service des bibliothèques
Date de dépôt: 13 sept. 2016 15:21
Dernière modification: 13 sept. 2016 15:21
Adresse URL : http://archipel.uqam.ca/id/eprint/8840

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